Le repos n’est pas une récompense

Pourquoi on attend d’être épuisé pour s’autoriser à ralentir

Nous avons appris, souvent sans même nous en rendre compte, à considérer le repos comme quelque chose qui se mérite. Comme s’il fallait d’abord terminer la journée complètement vidé, avoir tout donné, tout accompli, avant de s’autoriser enfin à ralentir.

Dans notre quotidien, le repos arrive presque toujours en dernier. Après le travail, après les responsabilités, après les écrans, après le bruit constant qui remplit nos journées. Il devient alors conditionnel, parfois même teinté de culpabilité, comme si s’arrêter trop tôt signifiait ne pas en avoir fait assez.

Et pourtant, le repos n’est ni un luxe ni une récompense. Ce n’est pas une pause que l’on gagne à force d’endurance. C’est une nécessité fondamentale.

Quand se reposer devient un privilège

Dans une culture qui valorise la performance, l’efficacité et la productivité, ralentir peut facilement être perçu comme une faiblesse ou une perte de temps. On repousse le moment de se déposer, même lorsque le corps envoie des signaux clairs. La fatigue s’installe, l’irritabilité augmente, l’esprit a de plus en plus de difficulté à décrocher.

On se promet que l’on dormira mieux plus tard, lorsque le rythme sera plus calme ou que les journées seront moins chargées. Mais ce moment arrive rarement, car la cadence ne ralentit presque jamais d’elle-même.

Le repos comme fondation, pas comme finalité

Se reposer ne devrait pas être la dernière étape d’une journée réussie. Le repos devrait plutôt être la base sur laquelle cette journée s’appuie.

Un esprit reposé réfléchit avec plus de clarté, un corps reposé récupère plus efficacement, et une personne reposée est généralement plus présente, plus patiente et plus alignée avec ce qui l’entoure. Le repos ne retire rien à la productivité, il en est au contraire une condition essentielle.

Repenser notre relation au repos

Et si, au lieu d’attendre l’épuisement, on choisissait de ralentir plus tôt? Pas seulement en dormant davantage, mais en créant de véritables moments de transition et d’apaisement. Une chambre plus calme, une lumière plus douce, moins de stimulation en fin de journée peuvent déjà transformer la manière dont le corps et l’esprit se déposent.

Non pas pour être plus performant le lendemain, mais simplement pour se sentir mieux, ici et maintenant.

S’autoriser à ralentir, sans justification

Le repos n’a pas besoin d’excuse ni de justification. Il n’a pas à être mérité.

Il s’agit avant tout d’un geste de respect envers soi-même et d’un choix conscient dans un monde qui valorise la vitesse et l’accumulation. Peut-être que le véritable luxe aujourd’hui ne réside pas dans le fait d’en faire toujours plus, mais dans la capacité de s’arrêter sans culpabilité.